Les jeux vidéos se valent-ils tous ?
Il est important de distinguer les différentes formes de jeux qui existent avant d’aller plus loin. Chacun mobilise des compétences différentes et vise des objectifs bien précis.
Tout d’abord, on différencie les jeux qui se jouent en dehors d’une connexion internet (les jeux " offline "), et les jeux " online " qui nécessitent une connexion Internet. Parmi les jeux connectés à Internet, beaucoup se jouent en réseaux, parfois avec des milliers de joueurs en simultané (ce sont les MMO : Massively Multiplayer Online); alors que beaucoup de jeux « offline » peuvent se jouer seuls. C’est une grande différence dont nous parlerons plus loin.
On peut distinguer parmi les jeux utilisés par les enfants et les ados, plusieurs sortes de contenus et d’objectifs :
Certains jeux dits de construction, ont pour but de construire, d’assembler des pièces,(comme dans le fameux Tétris). Ces jeux mobilisent notre perception de l’espace en 2 et 3D. Ils font appel à la logique (pour trouver le bon emplacement), la rapidité et l’anticipation.
Les jeux éducatifs, ont pour but d’intégrer des savoirs scolaires sous forme ludique : les couleurs, le langage, les chiffres ou encore de la culture générale… ces jeux mobilisent les connaissances et renforcent leur mémorisation par un effet de répétition et de réactivation dans des situations ludiques. (Par exemple, reconstituer un puzzle représentant un chiffre).
Les jeux de réflexion, eux développent le sens de la stratégie (les échecs par exemple) et de l’anticipation.
Les jeux d’aventure font évoluer le joueur dans un univers avec des pièges, des défis à relever, et oblige le joueur à agir, déjouer les obstacles pour avancer dans l’univers du jeu. Ces jeux font appel à des qualités d’observation, de bon sens, de rapidité.
Les jeux de combats, comme leur nom l’indique, mettent en scène des combats dont il faut sortir vainqueur. Les qualités requises sont la rapidité, l’anticipation et la maitrise de l’outil pour utiliser les techniques de combat.
Les jeux FPS (First Person Shooter) sont des jeux de tir dont le but est d’atteindre des cibles mobiles qui apparaissent devant le tireur. Des qualités de rapidité et de précision sont requises pour ce jeu.
Les jeux RPG (Rôle Playing Game) sont des jeux d’aventure où chaque joueur joue son propre rôle à l’aide de son « avatar ». L’avatar, c’est le personnage que le joueur se construit : nom, apparence, qualités physiques, etc. et qui apparait au regard des autres joueurs avec qui il joue en ligne. Car ce jeu est collectif, et organisé en clan ou en « guildes ». Ce jeu mobilise des compétences à négocier, à coopérer, créer des alliances, mais aussi un sens de la stratégie, de l’anticipation et de réflexion. La particularité à soulever cependant, c’est que l’univers de ce jeu est permanent : c’est à dire qu’il continue d’exister et d’évoluer même en l’absence des joueurs; de plus, c’est un jeu qui n’a pas de fin : les limites sont sans cesse repoussées pour qu’il y ait toujours de nouveaux territoires à conquérir ou de défis à relever. C’est sans doute le plus inquiétant des jeux en ce qui concerne son pouvoir addictif. Voyons pourquoi…
Les MMO sont-ils addictifs ?
Les Massively Multiplayer Online sont considérés comme addictifs car ils combinent plusieurs facteurs de risque qui les rendent particulièrement dangereux, en particulier pour les personnes plus vulnérables que sont nos enfants.
L’interactivité présente dans ces jeux est addictif; et donne l’illusion d’avoir une vie sociale riche et stimulante.
L’évasion ressentie en jouant dans des univers parfois fantastiques peut donner l’impression d’échapper à la monotonie du quotidien dans « la vraie vie ».
Le jeu est accessible et abordable (pourvu qu’il y ait une connexion internet) et il est donc facile d’y accéder quelque soit l’endroit où l’on se trouve et l’heure qu’il est (ben oui, les MMO, c’est 24h/24h !).
On perd la notion du temps : le temps « file » quand on joue et l’on ne se rend pas compte du temps passé devant l’écran.
Les MMO-RPG (Rôle Playing Game), sont en plus, anonymes : le joueur se fait connaitre par le nom de son avatar, pas le sien, ce qui peut le désinhiber dans une certaine mesure : il craindra moins le regard des autres notamment et s’autorisera à exprimer des côtés de sa personnalité qui sont habituellement cachées. Ces jeux permettent souvent de se « construire » un personnage auquel le joueur s’identifie (l’avatar reflète celui qu’ils auraient aimé être au lieu de celui qu’ils n’aiment pas être : Par exemple, un avatar très musclé et fort pour un adolescent maigrichon et peureux). Une utilisation abusive peut entraîner (comme certains jeux de rôles) un dédoublement de personnalité, s’accompagnant d’une altération de la perception de la réalité dans les cas les plus graves.
Dans cet univers virtuel, le joueur peut vite se laisser prendre… « au jeu » ! : des images, des mises en scènes fictives, des adversaires anonymes et sans visage, des situations détachées de la réalité (c’est parfois ce qui fait d’ailleurs leur intérêt) et une interactivité permanente, peut donner à l’utilisateur l’impression d’être acteur (héros ?) de quelque chose : leader ou combattant, génie ou démon , star ou brigand, le jeu en réseau peut laisser le champ libre à l’imagination, peuplée de fantasmes de toutes sortes; et devenir pour certains un véritable refuge.
C’est pour ces raisons (entre autres), que beaucoup de jeunes joueurs finissent par devenir complètement accros à ces jeux, parfois, sans s’en rendre compte.
Quels sont les signes d’une addiction aux jeux ?
Les addictions chez l'adolescent sont mieux connus par la psychologie de l'adolescence et se sotn étendus récemment à d'autres formes d'addictions...
Eh oui, on parle aussi d’addiction pour les jeux, car dans certains cas, la « consommation » de jeux empiètent franchement sur la vie quotidienne de l’adolescent jusqu’à le couper de sa vie sociale, et en faire un « no life »… Mais entre un « geek » (passionné) et un accro, il y a quelques différences…
Les signes que l'on identifie en psychologie et qui doivent alerter les parents sont multiples :
Troubles du sommeil : nuits découpées, difficultés à s’endormir, fatigue pendant la journée… Diminution des temps de vie sociale : L'adolescent qui ne veut plus aller à son sport favori, qui refuse les invitations de ses amis pour pouvoir jouer et qui s’isole peu à peu. Impacts sur la vie familiale (et conjugale) : les repas en famille sont délaissés, comme les sorties familiales et se manifeste un désintérêt grandissant pour les activités en famille ou en couple (pour les adultes). L’humeur est changeante, on peut avoir l’impression d’une personne susceptible, soupe au lait… (accentué chez l'adolescent qui connait déjà des sauts d'humeur liés à la période de la vie qu'il traverse). La qualité de vie régresse : hygiène et soins passent au second plan, l’alimentation peut perdre en qualité au profit de grignotages peu nutritifs… Le travail délaissé : que ce soit pour les devoirs scolaires ou la vie professionnelle (pour les adultes), on se désintéresse du travail, en le fuyant ou en faisant le strict minimum.
Quand l’entourage doit-il s’inquiéter ?
Déjà si plusieurs signes apparaissent.
Mais plus généralement, un joueur qui devient addict est de plus en plus préoccupé par son jeu, il en parle beaucoup, y pense très souvent;
il se désinvestit globalement de ses activités habituelles, même celles qu’il aimait; se montre agité et irritable (il peut avoir une réaction disproportionnée si on veut le faire arrêter de jouer); il joue toujours plus longtemps qu’il avait prévu (c’est à dire qu’il a perdu la notion du temps); et peut avoir tenté de réduire sa « consommation », sans y parvenir.
Un petit questionnaire simple et rapide a été élaboré par un psychologue américain pour aider les parents à y voir plus clair : voir en bas de cet article.
Prudence donc ! Pour certains parents, une initiation à cette activité, guidée par son enfant peut contribuer à nouer ou renouer un dialogue rompu, réévaluer certains a priori et pourquoi pas, découvrir les bienfaits du jeu en réseau ! Pour d’autres, accrocs des mêmes jeux : être attentif aux signes d'alerte à l'addiction aux jeux (avec toutes ses conséquences…) peut prévenir certains dangers.
A partir de combien d’heures passées à jouer les parents doivent-ils s’inquiéter ? Quels sont les « signes » qui doivent alerter ?
Si l’on décompte d’une journée de 24 heures le temps que doit passer un adolescent à dormir (environ 9-10 heures), travailler à l’école (8 h) et sur ses devoirs scolaires (2 h), manger (2h), se déplacer (de 30' à 2 heures) et se dépenser physiquement, il ne reste que quelques heures par jour à consacrer à toute autre activité (environ 2 à 3 heures). Au-delà, le temps passé devant l’ordinateur empiète sur les autres activités, ce qu’un mordu n’aura pas de scrupule à faire : manger en jouant, dormir dans le bus de l’école… ou en cours ! Laisser de côté le sport ou la discussion familiale…
Comment prévenir ces comportement excessifs dans la famille ?
Ce sont les signes que l’activité de jeu prend de plus en plus de place, qui peuvent alerter les parents sur les limites à poser.
En effet, le jeu en réseau peut avoir un effet extrêmement attractif et justifier tous les dépassements de limites possibles.
Les parents doivent, de concert ,définir les limites et les expliquer clairement à leurs enfants, afin que les conflits familiaux n’empoisonnent pas toute discussion au sujet de ces jeux ! Ils ne doivent pas avoir peur de passer pour les parents « pas fun » qui interdisent (alors que « tous mes copains jouent comme ils veulent ») : ils constateront à moyen et long terme les bienfaits de leur attitude.
Les adultes peuvent aider l’adolescent à décoder ses angoisses, les verbaliser, redonner du sens à certains messages faussés véhiculés dans certains jeux. Bref, ils ont un rôle de guide, de « garde-fou » et de soutien au besoin, qui ne nécessite pas forcément d’avoir de grandes compétences en jeu en réseau !
Un discours clair et sans ambiguité sur l’usage des jeux permettra à l’adolescent de se repérer. Les deux parents ont leur mot à dire.
Des normes existent pour choisir les jeux vidéos (PEGI) qui ne sont pas tous adaptés aux plus jeunes : apprenez à décoder les indications des jeux vidéos (quand il y a le boitier du jeu) ou demandez à regarder le jeu avec votre enfant quand il n’y a pas de boitier pour vous faire votre propre idée et vous positionner au besoin. Ne le laissez-pas s’isoler ou délaisser ses activités favorites : il en a besoin pour son équilibre personnel. S’enfermer dans les jeux, peut être une façon d’exprimer son mal-être ou fuir une réalité difficile à assumer pour l’adolescent. Discutez-en avec lui ou faites-vous aider pour comprendre ce qui se passe avant que l’addiction n’ait pris trop d’ampleur.
Les jeunes sont parfois en mal de sens, de relations agréables avec leur famille, de reconnaissance (qu’ils cherchent, et parfois trouvent dans les jeux), il ne faut donc pas négliger l’influence positive que peut avoir une vie familiale solidaire et équilibrée…
Le test : votre enfant est-il accro aux jeux ?
Si vous avez plusieurs réponses positives, mieux vaut vous rapprocher d'un professionnel pour affiner le diagnostic et prendre le problème au sérieux dès que possible.
Pour revoir l'émission radio enregistrée dans les studios de Polynésie 1ère :
Pour aller plus loin :
La situation devient ingérable ?
L’aide d’un professionnel pourra vous être utile.
Un atelier-parent en Elearning pour gérer la question des écrans à la maison vous permettra d’intervenir étape par étape avec les conseils d’une spécialiste, pour sortir de cette situation difficile. Vous pourrez poser vos questions et être guidés par un professionnels jusqu’à ce que la situation se soit résolue.
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