La famille monoparentale en quelques chiffres
Statistiquement, les enfants dans un premier temps, ont plus souvent pour résidence principale, le domicile de leur mère - ce qui est encore plus vrai quand l’enfant est tout jeune.
De plus, la plupart des conjoints séparés ne reconstruisent pas tout de suite un nouveau foyer ; ils restent seuls un moment et c’est les femmes qui, statistiquement, restent le plus longtemps seules avant de recomposer un couple. Ce qui aboutit à la situation suivante : les femmes sont de plus en plus nombreuses à élever seules leurs enfants après une séparation.
Pendant cette période, elles doivent gérer seules les nombreuses tâches quotidiennes : soins aux enfants, tâches ménagères, suivi de la scolarité, organisation des loisirs, achat des vêtements ou encore transport des enfants à l’école, aux activités… Tout cela, bien souvent, en plus d’une occupation professionnelle !
Il n’est déjà pas aisé de s’occuper d’une famille en étant en couple, mais le faire seul(e) relève du parcours du combattant.
Quelles sont les principales difficultés ?
- Difficulté d’organisation : pour assumer la multitude des choses à faire, il faut une bonne organisation, mais l’ampleur de la tâche est telle que malgré une bonne organisation, la situation peut vite devenir pesante.
- La fatigue vient bien souvent s’ajouter, entrainant de la nervosité, de l’impatience, qui ne feront qu’amplifier les problèmes.
- La culpabilité guette les mères célibataires qui s’en veulent d’avoir causé du tort à leurs enfants du simple fait de la séparation. Elles tentent parfois de « compenser » ce qu’elles pensent être une « faute » par un comportement parfois excessif. Par exemple, en se sentant obligées de répondre à leurs caprices pour « apaiser » leur souffrance, et surtout…, apaiser leur culpabilité. Il peut être opportun d’exprimer ce sentiment aux enfants qui sentiront qu’on les prend en considération, tout en clarifiant le fait que maintenant il faut aller de l’avant et ne pas ressasser sans cesse les regrets du passé ! La culpabilité ne doit pas ouvrir la porte à un comportement tyrannique des enfants qui, sentant qu’ils peuvent « tout exiger » de leur mère, risquent d’en abuser.
- Les regrets justement peuvent surgir et entrainer des confusions dans les sentiments à l’égard de son ex-conjoint et une ambiguité quant à la décision de séparation.
- La solitude est un sentiment qui guette aussi les parents seuls et peut entraîner un comportement inadapté.
Y-a-t-il des erreurs à éviter ?
Oui. Une première erreur à éviter serait de se confier à ses enfants comme on pourrait avoir envie de le faire avec son conjoint (parler de ses soucis, lui faire des confidences). Cela risque de mettre l’enfant dans une position inconfortable et l’amener à chercher à vous protéger s’il vous sent fragile, ou se soucier lui-même de problèmes d’adultes et en être perturbé.
L’autre risque est de tomber dans une relation fusionnelle avec son enfant qui va sentir combien vous avez besoin de lui (il est votre « unique raison de vivre » s’il est votre seul enfant) ; ce qui pourra avoir des conséquences. Soit une difficulté à se tourner vers l’extérieur, développer des relations avec les autres ; soit une difficulté à se séparer quand le moment sera venu de le faire. Quand l’attachement est fort avec sa mère et parfois exclusif, l’adolescent aura tendance à s’en défaire avec plus de violence (à la hauteur de la force du lien qui le relie à sa mère) : provocations, insultes, insolences marqueront ainsi sa tentative de se détacher de son parent, comme tout adolescent le fait à cet âge. Ou alors, il essaiera de le fuir en quittant la maison.
Le risque de se sentir « suffisant » peut entraîner le parent dans une attitude où il estime ne pas avoir besoin d’aide des autres, même pas de l’autre parent. Cela peut l’amener aussi à surprotéger ses enfants et parfois même à les étouffer ; ce qui, tôt ou tard, créera des problèmes dans votre relation avec eux, notamment à l’adolescence et avec l’autre parent.
A l’âge où l’enfant rêve d’occuper la place du parent du même sexe (entre 5 et 7 ans), il pourra avoir l’impression qu’il pourra occuper cette place laissée vacante par l’un des parents (c’est le cas pour un fils qui vit seul avec sa mère par exemple), avec le sentiment d’avoir gagné une « compétition imaginaire ». Le parent doit être vigilant alors aux comportements qui peuvent en découler pour clarifier la place de chacun : prendre des attitudes, des expressions du parent absent, et même avoir un comportement excessivement autoritaire sur les frères et sœurs ou sur sa mère.
Y-a-t-il des particularités pour un adolescent ?
Alors que l’adolescence est la période propice pour se forger son identité, se frotter aux limites et se confronter aux adultes; il peut tester votre capacité de « résistance », la cohérence de vos règles et aussi votre amour pour lui. Le parent seul aura à vivre les mêmes comportements mais sans l’appui de l’autre parent ; ce qui peut être lourd à supporter. D’autre part, il peut arriver que l’adolescent, qui a développé son esprit critique, vous reprenne à chaque faux pas, examine vos faits et gestes et n’hésite pas à vous faire remarquer vos erreurs… Ce qui en situation normale peut être géré aisément, peut être difficile à vivre quand on se retrouve seul, surtout quand on est fatiguée ou qu’on a des doutes sur sa capacité à assumer cette monoparentalité.
L’adolescent aura envie de passer plus de temps avec ses copains, s’isoler et ces nouveaux besoins ne collent peut être plus avec les modalités de « l’alternance » entre les domiciles des deux parents : il faudra peut être les adapter en prenant en compte ces besoins, sans toutefois céder à toutes les envies (parfois transitoires) et « coups de tête » (ne plus aller chez l’autre parent, par exemple): le lien doit perdurer, l’adolescent aura besoin de cette double référence maternelle et paternelle (même s’il le nie aujourd’hui). D’ailleurs les adolescents l’expriment parfois plus tard en cherchant à se rapprocher d’un parent dont ils étaient plus distants par exemple.
Quelques conseils pour finir
Soyez prévoyant (e) : Avant que les doutes ne vous envahissent et que l’envie de « jeter l’éponge » ne soit trop forte, quelques attitudes peuvent aider à sortir d’un mauvais pas :
- Demander à l’autre parent d’exercer son autorité parentale en lui évoquant les faits qui vous ont mis en difficulté. Le faire n’est pas un constat d’échec, mais un recours à une ressource qui va compléter votre intervention.
- Demander de l’aide près d’un professionnel qui vous aidera à prendre du recul pour trouver des solutions au problème.
- Tenter de s’accorder. Il est aussi particulièrement important que les deux parents s’accordent sur les grandes décisions concernant l’enfant : orientation, loisirs, sorties… Il se sentira ainsi « encadré » et plus rassuré. Quand la communication est coupée, des moyens existent pour arriver malgré tout à une décision commune.